La question déterminante du social panoptisme

Si l'on veut comprendre pourquoi les personnes les plus démunies se retrouvent plus souvent incarcérées, il faut se pencher sur un aspect déterminant que le sociologue Loïc Wacquant appelle le "social panoptisme".



De quoi parle-t-on ? Le panoptique est un type d'architecture carcérale imaginé par le philosophe Jeremy Bentham à la fin du XVIIIe siècle. Le principe de cette structure est de permettre à un gardien - logé dans une tour centrale - d'observer tous les prisonniers enfermés dans des cellules individuelles autour de la tour, sans que ceux-ci puissent savoir s'ils sont observés. Ce dispositif devait ainsi donner aux détenus le sentiment d'être surveillés constamment et ce, sans qu'ils en aient pleinement conscience. 
L'historien Michel Foucault, dans Surveiller et punir (essai paru en 1975), en fait le modèle abstrait d'une société disciplinaire, axée sur le contrôle social. 


Le sociologue Loïc Wacquant quant à lui théorise dans son livre Les prisons de la misère le "social panoptisme" qui s'apparenterait - au niveau politique cette fois - à une doctrine d’organisation sociale pour surveiller la population. L'insécurité sociale engendrée par les diverses crises économiques - du début à la fin des années 1970 - s'est donc vue opposée un renforcement du rôle des institutions judiciaires et pénitentiaires. "Les politiques pénales des sociétés d'Europe occidentale sont dans l'ensemble devenues plus dures, plus enveloppantes, plus ouvertement tournées vers la défense sociale" raconte le professeur à l'université de Berkeley.



Le "social panoptisme" - tout comme le modèle d'architecture pénitentiaire de Bentham et Foucault le faisait pour la population carcérale - induit donc une surveillance accrue de la population et notamment des petits délits ou larcins, réservée bien souvent aux plus démunis.

Alexandre Camino 

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